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Les Orris

En Ariège, les terres sont très morcelées et de faible superficie, c'est pourquoi le paysan encore aujourd'hui, conduit ses troupeaux en estive, dans les pâturages d'altitude pendant toute la bonne saison (de mai à octobre selon les années). C'est la transhumance.
L'Orri est l'abri où le paysan-berger vit pendant ces quelques mois. 


Dans le Couserans et autour d'Auzat, les orris forment quelquefois des hameaux miniature jusqu'à la frontière espagnole, car chacun avait une fonction: habitation, cave à fromage, bergerie...

Les Orris du Haut-Vicdessos:

"Durant l'estive, les bergers vivaient au milieu de leur troupeau dans des "Orris" construits dans les paturages de la région du Vicdessos sur des propriétés familiales ou sur des terrains appartenant à la communauté. Leur utilisation était soit individuelle et familale, ou collective. La charte de 1292, octroyée par le comté de Foix, accordait des privilèges, notamment des droits d'orriage et de pâturage pour des Orris et des estives situés sur des terrains domaniaux. Au fil du temps, l'exploitation intensive des estives a engendré un véritable réseau de chemins de transhumance (cami ramaders, tiras, drailles) qui s'est étendu jusqu'aux crêtes frontières.
La durée de l'estive, la longueur et l'étendue des parcours pastoraux rendaient nécessaire l'existence de ces constructions fonctionnelles et d'apparence archaïque.
Autrefois, jusqu'à la guerre de 1914, une partie de la famille vivait là-haut l'été. Pendant qu'une autre partie était occupée dans la vallée aux travaux des champs et aux prés un ou deux membres de la famille montaient à l'orri pour y surveiller leur élevage, ovin ou bovin. Parfois toute la famille et le petit bétail montaient à l'orri créant durant les mois d'été une véritable civilisation pastorale de haute montagne.
Il existe aujourd'hui de nombreux vestiges d'orris dans le Haut-Vicdessos (plus de 150) qui étaient largement utilisés jusque dans les années 1940. Avant cette date, plus de 36 000 têtes de bétail transhumaient de juin à septembre sur les estives du Haut-Vicdessos, vallées d'Artiès, de Bassiès, Soulcem, d'Artigues, de Saleix entre 1300 m et 2400 m d'altitude.
Quelques orris étaient encore utilisés et entretenus dans les années 1950. Celui du Carla près de l'étang de Soulcem fut le dernier utilisé en 1968.
Aujourd'hui, les moutons ou les bovins pacagent tout seuls dans la montagne. Le berger ne vient les voir en principe qu'une ou deux fois par semaine. L'orri n'est plus qu'une habitation temporaire, c'est devenu un refuge que l'on évite si l'on peut s'en passer. Il sert tout au plus à entreposer du sel et des remèdes pour les troupeaux.

L'éthymologie du nom : On voit trois orthographes "Horry", Orry et Orri. Ce nom viendrait du latin "horreum" (grenier). Il pourrait aussi provenir du mot latin "hortus", signifiant jardin. En effet, l'Orri est toujours construit et situé au centre d'une jasse (latin : jacere, paître), où pacagent et couchent à la belle étoile et par tous les temps, les troupeaux de brebis et de vaches, ainsi que les chevaux. Les "Orris" étaient mentionnés dans les chartes du moyen âge sous les termes "horréum", "orréum", "orrée". En occitan , le verbe "orriar" a pris le sens d'"aller sur la montagne.

Les "Orris" sont des constructions dites en tas de charge, ou en encorbellement de dalles de pierres séches constituant un léger décalage d'assises successives et concentriques.
Elles ne sont équilibrées que par l'empilement de celles qui les recouvrent en avançant. Ce procédé avait l'avantage de permettre l'interruption et la reprise de la construction à tout moment. La réalisation pratique semble moins simple, si on considère la taille des dalles utilisées pour le toit (parfois voisin de 1 m2 pour des épaisseurs proches de 20 cm). Aucun ciment ni liant n'étaient utilisés dans la construction mais seulement de la pierre de type schistes et granit. La dalle qui coiffait l'Orri en forme de voûte était recouverte de mottes de gispet qui est une herbe qui assurait l'étanchéité. Les orrys pouvaient avoir une envergure de deux métres sur deux métres cinquante à trois mètres et l'on pouvait à peine se tenir debout.

L'orri, habitat de l'homme proprement dit, était entouré d'autres abris plus petits pour les divers animaux qui entouraient le berger : poules, cochon, chiens et d'autres dépendances destinées à des fonctions bien précises.

L'orri d'habitation est construit dans la pente, sur une plate-forme aplanie, à partir d'un rocher d'appui. Il se distingue par la présence d'un devant de porte où quelques pierres plates servent de siège. L'entrée étroite est le plus souvent orientée vers le sud. La hauteur de porte en bois dépasse rarement 1,70m et 50 à 80 cm de large. Sa forme générale est circulaire avec des murs très épais (au minimum un métre) en blocs de granit ou de schiste. A l'intérieur quelques niches sont aménagées dans les murs. Elles servaient au rangement d' un matériel sommaire destiné à la cuisine et à la confection du fromage. Une lauze plane servait de table.
Enveloppé seulement d'une couverture, le berger venait dormir sur le jas qui était une sorte de couche surélevée et bordée de longs blocs parallélipipédiques couverte de mottes d'herbes, de mousses et de feuilles qui permettaient d'accueillir son sommeil sans qu'il se déshabille pendant quatre à cinq mois. On pouvait y faire du feu à l'intérieur. La fumée s'en allait par un trou pratiqué dans la muraille faisant office de conduit de cheminée au dessus d'un foyer délimité par deux cailloux juxtaposés.

Le parec est un parc, clos de murs à pierres sèches qui protégeait les bêtes pendant la nuit des prédateurs ou permettait de parquer les bêtes à traire. Cet enclos, souvent de forme circulaire pouvait avoir 10 à 20 métres selon l'importance du troupeau.

La marga était un couloir souvent attenant à l'enclos qui était d'un grand secours pour traire les brebis qui sont des animaux très remuants.

Le masuc est une petite cave destinée à la maturation des fromages. Extérieurement, on ne distingue qu'un moutonnement d'herbes laissant aparaitre un étroit tunnel d'entrée à travers lequel le berger rampait pour aller déposer ses fromages sur des étagères en lauzes établies dans une salle circulaire de deux métres au plus et de 1,30 m de haut. Cette construction hermétiquement close conservait la température et le degré hygrométrique constant. Le mazuc pouvait se trouver ponctuellement dans la cabane du berger.

Le besau est souvent associé au mazuc. C'est un canal d'amenée d'eau qui était aménagé quand l'orry était construit trop loin d'une source ou d'un point d'eau.

Le cabanat était une construction plus rare. C'était une sorte d'orri allongée qui pouvait mesurer jusqu'à 8 m de long. Il servait de bergerie au berger pour parquer les bêtes malades ou prêtes à mettre bas.

Le parsou del porc ou soue à cochon. Il existait aussi des poulaillers. C'était une construction en pierre sèche très rudimentaire, souvent adossée à un rocher d'appui qui servait d'abri et de protection contre les prédateurs.

Les ustensiles du berger-fromager 

La cubelha est le seau à lait qui était taillé dans la masse du bois. Son profil était courbe afin de permettre au berger de s'asseoir dessus pour la traite. Pour faciliter le transport, sur le dos, le pâtre utilisait une courte fourche ou un bâton-canne le plus souvent en buis. C'est l'ustensile indispensable au berger pour recueillir le fruit de la traite des brebis dans le parec.

Le calelh est une lampe à huile en métal. Elle était l'ustensile indispensable pour s'éclairer.

La musclèra était une sorte de tranche-caillé fait avec une tête de sapin ou de houx. Les dernières branches étaient coupées à une dizaine de centimètres de long et quelquefois même retournées vers la tige. Cette ustensile permettait d'émietter le caillé comme l'aurait fait le fouet de la ménagère.

Lo Nauc est la mangeoire en bois qui servait à alimenter les animaux qui accompagnaient le berger comme le cochon et les volailles. Le cochon enfermé dans la soue recevait dans lo Nauc les résidus de nourriture et d'eau de vaisselle ainsi que le petit lait."

extrait de www.auzatvicdessos.free.fr